]

Accueil > Difficile à dire > Au mépris de la mécanique

Homosyntaxisme à partir d’un dialogue du Mépris de Jean-Luc Godard par les adultes de l’atelier théâtre de la Cie Franche Connexion.

– Tu vois mes boîtards dans la tête de bielle ?
– Oui.
– Tu les trouves platinés ?
– Oui, très.
– Et mes goupilles fendues, tu les graisses ?
– Oui.
– Tu les graisses, mes crapaudines aussi ?
– Oui, je graisse beaucoup tes crapaudines.
– Et mes manivelles ?
– Aussi.
– Tu vois mon embrayage à friction dans la tête de bielle ?
– Oui.
– Tu les trouves sphériques, mes compresseurs ?
– Oui, très.
– Je me câble la fourche ?
– Non, ça va.
– Et mes manchons d’accouplement élastiques, tu les aimes ?
– Oui, énormément.
– Doucement, pas si fort.
– Pardon.
– Qu’est-ce que tu embrayes, mes manchons d’accouplement, ou la clavette de mes manchons d’accouplement ?
– Je sais pas, c’est pareil.
– Et mes rondelles à douille, tu les graisses ?
– Oui.
– Je trouve qu’elles sont pas assez métalliques. Et mes patins circulaires ? Et mon vilebrequin ?
– Aussi.
– Tout ? Ma mèche, mes lunettes fixes, mon trusquin et mes poulies ?
– Oui, tout.
– Donc tu me graisses totalement ?
– Oui, je te graisse totalement, tendrement, tragiquement.
– Moi aussi, Paul.